Meeting Seneffe 2009

 

Rassemblement à Seneffe – Wallonie – 12 & 13 septembre 2009

Une comédie en 3 actes de Francis Derdeyn et Alain Monseu

Avec dans les rôles principaux :

  • 43 Opel GT, véhicules hors classe construits entre les années 1968 et 1973 (dites mille neuf cents septante trois)
  • une troupe époustouflante de 84 figurants de l’Entraide Opel GT, renforcés par 6 membres du Belgian Opel GT Club et leur partenaire qui sont venus accueillir les voisins français sur le sol belge.
  • des garagistes, restaurateurs, hôteliers et agents de différents services régionaux Wallons.

Unité de lieu bien respectée aux alentours de Seneffe, région du Hainaut connue pour son enchevêtrement de voies d’eau et ouvrages d’art y consacrés.

Acte 1 – Où la pièce est une Comédie Légère

Les décors nous permettent d’imaginer que nous débutons aux abords d’un garage Opel de belle taille, disposant d’un parking suffisant pour recevoir 40 véhicules de rêve, et dans le show-room duquel sont dressées, entre une trentaine de véhicules de la gamme Opel, les tables nécessaires au banquet initial. Plus loin, les portes d’un atelier de mécanique sont ouvertes, semblant attendre une probable urgence… Le soleil luit, mais l’été s’achève et les protagonistes portent pulls ou vestes légères.

Dès 10 heures, des Opel GT aux plaques belges, françaises et … néerlandaise se rassemblent sur le parking. Les retrouvailles sont joyeuses. Longues poignées de main par-ci, bisous par-là - trois en Belgique - grands sourires et explications en tous genres. Les plaques de rallye sont montées sur les voitures. Les regards se posent sur les « nouvelles » GT, les capots s’ouvrent pour découvrir les dernières astuces, tandis que tous se mettent d’accord pour refaire l’histoire et considérer que la superbe corvette rouge qui a rejoint le groupe a manifestement copié son design sur celui des GT. Serions nous les victimes d’une pièce révisionniste ?

Apéro et … dîner ! Et oui, dans ce pays, on dîne à midi. Et on soupe le soir. Après l’apéro, une assiette froide se laisse engloutir rapidement, car un horaire strict prévoit un rendez-vous tôt dans l’après-midi au plan incliné de Ronquières. Mais à quoi sert ce long toboggan sur lequel vient buter un large canal ? Le trafic par voie d’eau ne cessant de se développer, entre Charleroi et Bruxelles, et l’ancien tracé du canal ne convenant pas au passage de péniches trop imposantes, un nouveau tracé, plus rectiligne, fut dessiné. Mais, à Ronquières, le dénivelé de 68 mètres, notamment, a contraint les ingénieurs à faire preuve d’imagination ! Parmi plusieurs projets analysés, la solution d'un plan incliné fut retenue, notamment par souci d'économie d'eau sur cette voie navigable artificielle. Après un chantier de 6 ans une tour surplombant le canal de 125 mètres ainsi qu’un plan incliné long de 1432 mètres ont ainsi vu le jour. Un grandlongplan en quelque sorte … Son mécanisme est relativement simple : l'ouvrage comporte 2 bacs dans lesquels les bateaux entrent afin de franchir la chute. Chaque bassin mobile roule le long d'une pente de 5 %, tracté par câbles via un ensemble de treuils et poulies. Les 2 bacs indépendants (comportant chacun 236 petites roues) permettent le passage de plusieurs bateaux à la fois en un temps très réduit. Une petite démonstration permet de constater que les bacs ne vont pas très vite, ce qui permet d’attendre une partie du groupe restée en arrière pour un changement express de vis platinées. Merci au mécano…

Toute cette eau donnant très soif, les auteurs entreprennent alors de faire arrêter le groupe dans un de ces endroits qui font la réputation du pays tout entier : vous l’aurez compris, une fabrique de bières belges, une brasserie est au programme… Le brasseur descend de son toit pour accueillir la troupe entre ses cuves étincelantes. Il explique tout – en français et néerlandais - de la fabrication de la bière, depuis le filtrage de l’eau jusqu’à l’expédition des produits dans différents pays. L’exportation vers la France ne semble pas encore au point, aussi se lance-t-il dans un long plaidoyer sur la qualité de sa bière, l’Ultra, qui se décline en Ultra-blonde, Ultra brune, Ultra-ambrée, mais aussi Ultra-soif et Ultramour … Bientôt seront aussi disponibles l’Ultra-zen, l’Ultralax, … dont on devine les effets « médicinaux ». La visite s’achève par une dégustation en règle et un passage par un magasin improvisé où l’on se dit que l’effort de marketing du brasseur a eu des résultats à la hauteur de sa verve.

Nouveau départ, et par les jolies routes de la région, les acteurs prennent la direction des hôtels, avant de se retrouver au restaurant « le Nautic » pour le souper. Le restaurant est en bordure du canal du Centre et, décoré de cuivre et de lambris en teck, il s’intègre parfaitement au thème nautique de ce rassemblement. Au menu, « La bienvenue à Bord et ses Moussaillons », suivie d’une « Salade Grand Tourisme » et d’un « Médaillon Sauce Maroille, Lardons et Bière St Feuillien ». Pour terminer, « Crème brûlée » ou « Délice au chocolat » … Le tout en quantité plus qu’appréciable. Nous apprenons de la bouche du non-Président de l’Entraide présent que la prochaine rencontre se ferait à Montluçon. De quoi se refaire pour ceux à qui la caisse de l’Entraide n’a pas ristourné beaucoup au kilomètre cette année. Le visiteur le plus lointain aura roulé 1560 km pour rejoindre Seneffe, le plus proche seulement… 13kms, et recevra donc 1 Euro de compensation. Une plaque commémorative du rassemblement, et un calendrier magnétique Opel GT pour …2010 sont distribués aux membres. Les membres du Belgian Opel GT Club recoivent aussi ce calendrier.

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Acte 2 – Où la Comédie devient dramatique …

Dimanche 9 heures du matin. Décor grandiose d’un château néo-classique du XVIIIeme en parfait état. Murs gris foncé, comme la pierre bleue du pays et le ciel de plomb, grilles noires couvertes de feuilles d’or à leurs extrémités. Une barrière latérale s’ouvre au prononcé d’un mot de passe chuchoté « Opel GT » et les petits bolides inconscients pénètrent lentement dans l’antre, cerclé de caméras et de gardes aux allures de cerbères. Elles vont impeccablement s’aligner devant les grilles et dans la drève. Sans pitié, les non-GT sont écartées et repoussées vers un parking avoisinant. Une bruine froide recouvre les voitures et tente de transpercer les coeurs. Au loin, la brume s’accroche aux champs avoisinants … Les premiers acteurs semblent  parcourus de frissons, seuls au milieu du silence … On se croirait en Bretagne un jour d’automne …

Pas beaucoup de bonnes nouvelles ce matin : (1) André-du-roadbook arrive en A310 … les servo-freins de sa GT étant H.S.! (2) Alain-qui-organise nous présente son Combo … carburation de sa GT déficiente… (3) Le plus embêtant est que Francis-qui-a-la-caisse a dû partir précipitamment, qu’il ne rejoindra plus le groupe et ne pourra profiter des visites qu’il avait programmées dans l’après-midi. Chacun souhaite un prompt rétablissement à sa charmante épouse !

On hésite à sortir les pièces devant le nez du garde qui a manifestement peine à sourire… Jean-le-non-Président de l’Entraide vend trois miniatures sous le manteau. Heureusement, un pâle soleil apparaît et fait reculer les forces obscures. On entend crier « Groupir ! » et tous se massent devant les grilles et les GT, pendant que quelques volontaires armés de caméras mitraillent le groupe. Il est temps de s’échapper, direction l’ascenseur funiculaire de Strépy-Thieu.

 

Acte 3 – Ou le Drame tourne à la Farce.

 

En suivant le roadbook, les GT prennent l’autoroute qui leur évite de traverser un environnement dévasté par l’ère post-industrielle. Région de charbonnages et d’industries lourdes qui ont autrefois justifié la création des canaux. Au détour d’un rond-point apparaît soudain un mastodonte de béton : un ascenseur pour péniches !!!

Cet ascenseur constitue le dernier maillon du programme de mise au gabarit à 1350 tonnes du réseau belge de voies navigables. Son objectif : rattraper une dénivellation de plus de 70 mètres entre La Louvière et Thieu. Le canal précédent franchissait cette chute au moyen de deux écluses et de quatre ascenseurs hydrauliques de 16 m, mis en service entre 1888 et 1919. Pour remplacer les six anciens ouvrages, la formule d'un ascenseur vertical de 73 mètres a fini par s'imposer.

Les GT ont obtenu l’autorisation d’accéder au parking privé situé au pied de l’ouvrage. Par l’entrée des artistes, les visiteurs rejoignent la réception, puis entreprennent de monter au 7° étage, où les expositions sont accessibles. Pas simple de monter à 80 dans des ascenseurs pouvant emporter 15 personnes… Surtout qu’il faut un badge pour accéder … ou quitter certains étages. Faudra pas se perdre !

La visite de l'ascenseur est truffée de découvertes : une impressionnante salle des machines, un superbe panorama sur l'ensemble du site et la région environnante, la projection d'un film sur la construction et le fonctionnement de l'ascenseur agrémenté par des maquettes animées et jeux interactifs ou encore une exposition des fossiles découverts lors des terrassements. Dès son arrivée au 8° étage, le groupe est immédiatement dirigé vers une projection cinématographique, qui permet de comprendre l’immensité et la complexité des travaux entrepris pour créer le dernier maillon des voies navigables qui doivent permettre aux péniches de rejoindre l’Allemagne depuis la France. Superbe initiative que cette projection… imprévue. Dommage qu’il faille quitter si vite l’étage pour rejoindre les GT.

Et c’est là que ça se complique. Plus de badges et plus de guides … Comment rejoindre les voitures en sous-sol si l’accès n’est pas autorisé ? Les GTistes se lancent, dans un ascenseur, puis dans l’autre. Et la suite ne manque pas de sel. Les premiers à descendre ont en fait pris un ascenseur qui montait, ils ont croisé les troisièmes qui se sont arrêtés au rez-de-chaussée, où se trouvaient les seconds qui cherchaient des escaliers pour le sous-sol. Les cinquièmes qui cherchaient le bouton -1 se sont fait appeler vers le 8°, où ils ont retrouvé les derniers des premiers. Vous me suivez ? Le pire fut réservé aux quatrièmes. Pris en main par un éclusier motivé, ils croyaient avoir trouvé le sésame vers la sortie. Fatale erreur. Arrivés les premiers au sous-sol, le dit éclusier leur interdit d’y sortir sous prétexte qu’ils ne possédaient pas les autorisations nécessaires. En échange, il leur offrit le privilège immense de remonter au 5°, d’après ce que les deuxièmes comprirent des quatrièmes quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au 0. Malgré les protestations, l’agent des voies navigables n’ouvrit les portes qu’à l’étage de ses appartements secrets : la salle de commande. Aucun visiteur n’a jamais pu accéder à ces lieux ainsi et aussi dévoilés que la jeune personne dont la photo est punaisée sur la porte. La preuve ultime que cette salle de contrôle ne se visite pas ! 5.000 km de câbles sont sous les pieds des privilégiés qui ne parviennent pas à interrompre le flot de paroles du technicien fluvial. Pas moyen de s’en sortir. Ce n’est plus une visite, c’est une séquestration. Faudra-t-il l’assommer, le ligoter à ses poulies et subtiliser son badge comme dans les meilleurs films d’action ? Ou plonger du haut des 70 mètres dans les bacs à péniche remplis d’eau ? Du haut de leur privilège, les otages voient s’éloigner les premières GT du groupe, grandes comme un modèle Shuco au 1/87°. Cette fois, il faut partir, et alors que certains filment la scène afin que la postérité comprenne ce qui s’est passé le jour où les corps seront retrouvés, le bruit court qu’un subterfuge subtil est élaboré : sous prétexte de pouvoir assister à la descente des ascenseurs à bateau par le dessous, les séquestrés amènent le fâcheux à rejoindre le lift, et s’échappent au -1 avant d’expérimenter une autre sensation unique : « sentir » un groslourdbac chargé d’eau des ascenseurs de Strépy-Thieu s’arrêter à 80 cms au dessus de leurs têtes.

Tous sauvés ? Non … mais il ne vous sera pas raconté l’histoire épouvantable de celui qui, en essayant de chercher de l’aide pour les autres, s’est soudain retrouvé à expliquer qu’il était un groupe d’Opel GT à lui tout seul et devrait donc rejoindre le parking en sous-sol, entre-temps libéré de ses bolides multicolores. Ni celle tout aussi abracadabrante des deux visiteurs lambdas qui sont arrivés au parking en suivant le groupe de l’Entraide, et sont toujours en train d’essayer de remonter sans avoir de badge.

Toujours est-il qu’une fois libérés, tout ce monde s’est retrouvé à la « Cantine des Italiens », baraquement de la seconde guerre mondiale qui, après avoir accueilli des prisonniers, a hébergé des travailleurs italiens « exportés » vers la Belgique pour y travailler après-guerre. Que d’histoires belges à raconter autour des frites et du vin italien, après la visite en forme de yo-yo du patrimoine de la région. C’est en tout cas dans la bonne humeur que tout le monde se quitte, en se promettant de rappeler ces extraordinaires histoires belges lors de la prochaine sortie, les 18 et 19 septembre 2010. Merci à Alain et Francis, et à l’Entraide, qui nous fait vivre ces moments inoubliables.

 

 

 

Arrivée à la concession Opel de Les-bons-Villers, lieu de rassemblement de cette réunion 2009 du club. Cette année nous avons battu un record : 41 GTs !

 

Visite du plan incliné de Ronquières et de la brasserie Ultramour

Devant le château de Seneffe :

Visite des ascenseurs de Strépy-Thieu :

 

 

Repas du dimanche midi à la cantine des Italiens :